Traumatismes et accompagnements thérapeutiques ?

Traumatismes et accompagnements thérapeutiques ?

Les personnes LGBTQIA+ sont plus à risque d’être confrontées à des événements potentiellement traumatisants au cours de leur vie comme des agressions, rejets, exclusions...

En outre, elles sont nombreuses à vivre diverses formes de victimisation secondaire lorsqu’elles tentent d’obtenir de l’aide des professionnel·les, come le mégenrage, l’homophobie ordinaire, la pathologisation de leur identité ou de leur orientation sexuelle, la méconnaissance des enjeux spécifiques, etc.

En tant que psychologue ou thérapeute souhaitant accompagner des personnes LGBTQIA+ victimes de traumatismes, il est donc particulièrement important de veiller à :

Sécuriser

  • Questionner les expériences passées de la personne dans le monde psycho-médico-social afin d’accueillir ses éventuelles peurs pour le suivi actuel.
  • Nommer très clairement à la personne qu’elle est la bienvenue telle qu’elle est et pouvoir accueillir ses questionnements/évolutions au fil du suivi (ex. : désir de transition, changement de prénom ou de pronoms…).
  • Évaluer régulièrement le degré de sécurité subjective et réelle (ex. : risque de rejet de la famille en cas de coming-out).
  • Évaluer soigneusement le risque suicidaire, souvent majoré par la LGBTQIA-phobie externe et/ou intériorisée.
  • Renforcer les ressources internes et externes, notamment via les lieux associatifs et communautaires ou les familles choisies, pour lutter contre l’isolement et les vécus de honte.
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Collaborer

  • Se questionner en amont sur sa position privilégiée (ou non) afin d’être conscient·e des biais de pouvoir et de leur potentiel impact sur la relation thérapeutique ou le sentiment de sécurité de la personne.
  • Favoriser une approche collaborative de co-expertise (ex. : questionner, oser nommer ce que je ne connais ou comprends pas, mettre en avant les compétences de la personne, refuser toute position d’autorité…).
  • Valoriser les ressources, les capacités de résilience et les forces.
  • Discuter du cadre et de la relation thérapeutique : pouvoir offrir de la stabilité et de la prévisibilité tout en gardant une ouverture aux spécificités de chacun·e.
  • Donner explicitement l’autorisation à la personne de verbaliser les erreurs commises (ex. : mégenrage) et pouvoir ensuite adopter une position basse et présenter des excuses si nécessaires. 

S’informer

  • Sur les violences systémiques, les discriminations, les stéréotypes, les (micro-)agressions et les spécificités de ce public.
  • Sur le vocabulaire inclusif et les notions clés comme le sexe, l’orientation sexuelle, l’identité et le genre
  • Sur le réseau associatif, les lieux de rencontre, les professionnel·les de santé LGBTQIA+ friendly ou les associations de référence.
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Montrer

  • Donner des indices clairs d’ouverture et d’inclusivité dans l’espace. 
  • Utiliser un discours ouvert et inclusif dans ses questions ou ses exemples.
  • Accepter sans réserve l’autodéfinition des personnes.
  • Proscrire toute attitude normative ou pathologisante.
  • Pouvoir nommer clairement les violences systémiques subies par les personnes LGBTQIA+ et leur impact sur la santé mentale dans un but de psychoéducation et de déculpabilisation.
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Naturellement, un bon nombre de ces conseils peuvent s’appliquer à toutes les personnes que l’on rencontre dans son cabinet. Il est néanmoins important de s’en soucier encore davantage dans l’accueil de personnes LGBTQIA+ en gardant en tête que le simple fait de venir en consultation constitue déjà un immense acte de bravoure pour beaucoup d’entre elles. Il est de notre responsabilité en tant que soignant·e de leur offrir un cadre le plus safe possible afin de récompenser leur démarche et de leur apporter l’aide recherchée.

Traumatismes et accompagnements thérapeutiques ?

En 4 mots : sécuriser, collaborer, s’informer et montrer.

Sources

[ Article rédigé avec la participation de Amandine Pletinx ]
  1. Vous êtes professionnel·le de la santé (Asile LGBT Genève)
    https://asile-lgbt.ch/vous-etes-professionnel%C2%B7le-de-la-sante/#outils
  2. Santé sexuelle, santé mentale (Myriam Monheim, Pascal Meunier, 2019)
    https://www.maisonmedicale.org/sante-sexuelle-sante-mentale/
  3. Certificat en psychotraumatologie de l'Institut Belge de Psychotraumatologie (BIP)

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