LGBTQIA+ et système de soins : une relation compliquée

LGBTQIA+ et système de soins : une relation compliquée

Les nombreuses études sur l’état de santé et le rapport aux soins des personnes LGBTQIA+ démontrent un état de santé généralement moins bon que le reste de la population et un rapport aux soins parfois fait de méfiance voire de réelle défiance.

Malgré leur besoin plus grand que la moyenne en soins de santé, les populations LGBTQIA+ en bénéficient moins, ce qui tend à accentuer les difficultés initiales.

D’après un rapport de la Commission européenne de 2017 (1), on constate que la population LGBTQIA+ consulte moins les professionnel·les de santé et se dit davantage insatisfaite de la prise en charge dans ce domaine que la population générale. On observe donc que malgré leur besoin plus grand que la moyenne en soins de santé, les populations LGBTQIA+ en bénéficient moins, ce qui tend à accentuer les difficultés initiales.

Concrètement, l’hétéronormativité et la cisnormativité présentes dans les cultures et sociétés européennes se manifestent dans le langage et les pratiques des professionnel·les de santé qui, d’après le rapport européen susmentionné, remettent rarement en question ces normes. Les professionnel·les de santé présument donc de l’hétérosexualité de leurs patient·es et utilisent un langage se référant à une binarité qui exclut les personnes trans* et intersexes. On observe aussi l’usage encore courant d’un vocabulaire médical pathologisant, tel que « désordre du développement sexuel » pour les personnes trans* et intersexes, entre autres. Le rapport fait aussi état de questions inappropriées et intrusives venant des professionnel·les, ainsi qu’un sentiment de jugement, vécu par les personnes LGBTQIA+.

Tout cela, combiné à l’inconfort de nommer les choses et au manque de connaissances sur ces sujets, manifeste un manque de sensibilisation des professionnel·les de santé concernant les thématiques LGBTQIA+. Notons également d’importantes disparités selon les lettres du sigle.

« Je n’évoque pas les questions de genre. Je n’évoque même pas les faits que mes connaissances sont trans* juste par peur de la réaction de la personne alors que je parle pas de moi » (2)

En Belgique, 1 personne transgenre sur 4 évite au maximum tout contact avec les soins de santé (3).

En France, en 2020, 14,3 % des hommes homosexuels préfèrent éviter les soins, suite à des discriminations subies, 34,7 % des personnes ayant fait leur « coming out médical » se sont senties jugées par leur médecin et 57,5 % des femmes lesbiennes ont peur d’être discriminées ou jugées en annonçant leur sexualité. Elles sont également 20 % à déclarer avoir déjà reçu des commentaires lesbophobes, rejets ou refus de soins dans l’espace médical (4).

Ce mauvais état de santé est donc intimement lié au fait que les personnes LGBTQIA+ recourent moins à l’offre de soins, pour toute une série de biais spécifiques, notamment une société qui peut leur être hostile et dont la discrimination les marginalise jusqu’à leur créer des problèmes de santé parfois endémiques.

Le fait que les publics LGBTQIA+ soient parfois éloignés des services de soins peut notamment les amener à se tourner vers une médecine alternative ou automédiquée. Les raisons majoritairement invoquées sont la peur d’être incompris, jugés, de devoir se justifier, de devoir faire preuve de pédagogie sur leur propre situation ou que les réponses qu’i⸱els obtiennent ne soient pas adaptées. D’une manière générale, au-delà des services de soins, les institutions considérées comme officielles (Police, commune, hôpitaux, etc.) peuvent générer beaucoup de stress pour les personnes LGBTQIA+ parce qu’elles sont amenées à présenter leur identité, aborder leur vie intime ou leur corporalité avec des inconnu·es.

En réaction à des attitudes et comportements discriminants, les personnes LGBTQIA+ peuvent développer des stratégies d’anticipation des discriminations qui consistent à éviter le dévoilement de leur identité de genre, de leur orientation sexuelle et romantique ou de leurs caractéristiques sexuelles. D’après le rapport de la Commission européenne de 2020, 46% des personnes LGBTQIA+ n’avouent jamais aux professionnel·les de santé qu’elles sont LGBTQIA+ et 53% n’abordent presque jamais leur appartenance à cette communauté avec leur entourage (5).

Cette vulnérabilité peut aussi être aggravée par des services de santé et d’accompagnement non adéquats. II est important de prendre en compte la récurrence des vécus de violences médicales dans la relation soignant⸱e / patient·e, et de porter une attention particulière à la mise en place d’un environnement de confiance avec les personnes.

Enfin, le rapport à la sexualité, à l’identité, à la corporalité ou au relationnel est très variable en fonction des cultures, des origines et des convictions. Les LGBTQIA+ n’échappent pas à cette réalité sociologique, et ne pas le prendre en compte peut accentuer la vulnérabilité de ces dernier·es. Une approche inclusive de santé permettra de renouer le contact, très distendu, entre les publics LGBTQIA+ et le monde de la santé.

LGBTQIA+ et système de soins : une relation compliquée

Malgré leurs besoins plus grands que la moyenne en soins de santé, les populations LGBTQIA+ en bénéficient moins, ce qui tend à accentuer les difficultés initiales.

Sources

  1. HEALTH 4 LGBTI (Régny, 2018)
    https://www.observatoire-sidasexualites.be/health-4-lgbti/
  2. Témoignages recueillis pour ce guide
  3. https://www.transgenderinfo.be/nl (TRANSGENDER INFOPUNT)
  4. Pour une santé inclusive (CRIPS, 2020)
  5. Rapport commission européenne (FRA - European Union Agency For Fundamental Rights, 2020)

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