Vivre hors les normes : Expériences et spécificités LGBTQIA+

Vivre hors les normes : Expériences et spécificités LGBTQIA+

L’état de santé des LGBTQIA+ est moins bon que celui de la population générale, en grande partie à cause des discriminations et de la marginalisation dont i·els sont victimes. Les espaces de soins n’échappent malheureusement pas à cette réalité ce qui crée un cercle vicieux : une communauté qui a davantage besoin de soins mais qui a moins recours à ces soins.

Les personnes LGBTQIA+ sont plus sujettes que la population générale au stress, à l’anxiété, aux épisodes dépressifs, aux assuétudes, aux addictions, aux troubles alimentaires ou aux risques suicidaires. On considère par exemple qu’en France, le risque de suicide est 4 fois supérieur chez les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et trans* que chez le reste de la population. Ces chiffres varient beaucoup selon les études, il s’agit ici de l’estimation la plus basse.

Une recherche menée par l’association Stonewall au Royaume-Uni montre que plus de la moitié des personnes LGBTQIA+ a connu un épisode dépressif dans les 12 derniers mois et que 61 % d’entre elles étaient sujettes à l’anxiété (1).

L’usage de substances, telles que le cannabis, la cocaïne, l’ecstasy, l’alcool ou le tabac est davantage élevé chez  les personnes LGBTQIA+, qu’elles soient jeunes ou plus âgées, que dans la population générale, mais on note une prévalence chez les jeunes (multiplié quasiment par trois par rapport à la  population générale). Les conséquences de cette surconsommation sur la santé sont  davantage visibles chez les plus âgé·es : obésité, dépression, invalidités.

Les adultes LGBTQIA+ montrent une prévalence d’invalidités : 36% des lesbiennes souffrent de troubles et invalidités en raison d’affections chroniques ou mauvaises conditions de santé physique et mentale, contre 25% chez les femmes hétérosexuelles. Ces  affections se manifestent également à un âge plus jeune. Ces taux sont encore plus élevés chez les personnes trans* et intersexes.

Il existe un fort sentiment d’isolement et de solitude en particulier lorsque les personnes n’ont pas fait leur coming-out à leur entourage, notamment quand elles ne vivent pas en zone urbaine. D’autre part, une étude française montre qu’un quart des adultes LGBTQIA+ n’ont pas révélé leur orientation sexuelle aux professionnel·les de santé de peur de réactions négatives et que cela affecte la qualité des soins donnés.

Le fait d’évoluer dans un environnement plus ou moins LGBTQIA-phobes peut amener certaines personnes à développer une « LGBTQIA-phobie intériorisée », qui se manifeste par un rejet, un dégoût, un désamour ou une mésestime d’elles-mêmes. Cela accroît leur vulnérabilité, notamment en termes de santé et dans la capacité de toujours pouvoir exprimer leurs besoins face à des professionnel·les.

Les personnes LGBTQIA+ ont également vécu des formes de pathologisation, d’exclusion de la  norme au cours de l’Histoire qui ont considérablement atteint leur image d’elles-mêmes et laissé dans l’opinion publique et chez les professionnel·les de la santé, de nombreux stéréotypes encore vivaces.

Les LGBTQIA+ subissent aujourd’hui différentes discriminations, parfois très violentes, qui les amènent à se marginaliser, se cacher ou qui génèrent d’importants traumatismes.

En France, 50 % des personnes bisexuelles n’ont pas fait leur coming out à leurs parents, vraisemblablement afin d’éviter de potentielles violences intrafamiliales.

En 2020, 62 % des répondant·es intersexes participant à l’enquête européenne de la FRA-UE annoncent avoir subi des interventions chirurgicales modifiant leurs caractéristiques sexuelles sans avoir pu donner leur consentement. Presque la moitié des personnes intersexes répondante·s ont reçu des traitements hormonaux (49 %) ou un autre type de traitement médical (47 %) sans donner leur consentement éclairé.

D’après le Sidaction, on recense encore en France une agression physique homophobe et transphobe toutes les 33 heures et une agression verbale toutes les 8 heures, exposant les personnes LGBTQIA+ à un stress important au quotidien.

Toujours en France, un sondage commandé en 2019 à l’Ifop par la fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais, montre ainsi que 8% des répondants considère toujours l’homosexualité comme une tare (contre 42% en 1975) et que 39% des répondants estiment que les personnes qui veulent « changer de sexe » ont un problème psychologique. Par ailleurs, 41% des répondants sont mal à l’aise à l’idée que des enfants voient des personnes de même sexe s’embrasser sur la bouche, ou se tenir la main en public (25%).

Vivre hors les normes : Expériences et spécificités LGBTQIA+

Un état de santé détérioré en raison de multiples discriminations et vulnérabilités spécifiques.

Sources

  1. LGBT In Britain, Health Report (Bachmann C. (Stonewall) & Gooch B. (YouGov), 2018)
  2. Quels droits en matière de santé pour les personnes trans* ? (Huart, 2022)
    https://www.rtbf.be/article/quels-droits-en-matiere-de-sante-pour-les-perso[…]
  3. Alessandrin A, Dagorn J, Meidani A, Richard G, Toulze M (dir.), Santé LGBT ; Les minorités de genre et de sexualité face aux soins, Éditions Bord de l’eau, 2020 
  4. La santé des LGBT, un tabou médical (Cessa D., 2017)
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2017/03/13/la-sante-des-lgbt-un-tab[…]
  5. Jedrzejewski T., « EGaLe-MG. État des lieux des difficultés rencontrées par les homosexuels face à leurs spécificités de santé en médecine générale en France ». Univ. Paris Diderot – Paris 7. Thèse soutenue en octobre 2016.
  6. Health 4 LGBTI (Régny M., 2018)
    https://www.observatoire-sidasexualites.be/health-4-lgbti/
  7. Etudes - Violences intrafamiliales : les filles et les jeunes LGBT plus touchés (Défenseur des droits, 2020)
  8. A long way to go for LGBTI equality, EU-FRA LGBTI II, (2020). 

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