Quelque chose à guérir ?

Quelque chose à guérir ?

Les pratiques de conversion sont des pratiques fallacieuses, inefficaces et dangereuses qui visent à changer ou supprimer l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou l’expression de genre des personnes LGBTQIA+.

Elles sont plus souvent appelées « thérapie de conversion » mais cette expression est réductrice et sous-entend qu’il s’agirait de véritables thérapies avec une quelconque validité scientifique, ce qui n’est pas le cas. Elles reposent la plupart du temps sur l’idée qu’être homosexuel·le, bisexuel·le, transgenre, queer, intersexe ou asexuel·le serait une pathologie ou une malédiction de laquelle il est possible de guérir. Elles sont donc notamment héritières de la pathologisation et de la psychiatrisation des publics LGBTQIA+ à partir du XIXe siècle.

Ces pratiques peuvent être psychologiques ou physiques, elles vont de simples groupes de parole à de la psychothérapie et des électrochocs voire d’autres formes de violence jusqu’au « viol correctif ». Elles peuvent avoir lieu dans les domaines religieux, médicaux, sectaires, familiaux que ce soit par le biais de proches ou de pseudo-professionnel·les et avoir de terribles conséquences sur les personnes sur qui elles sont pratiquées.

En effet, le Report of the American Psychological Association Task Force on Appropriate Therapeutic Responses to Sexual Orientation précise que ces «  thérapies  » peuvent entraîner « un risque accru de dépression, d’anxiété et de pensées suicidaires mais aussi de confusion, chagrin, culpabilité, désespoir, détérioration des relations avec la famille, perte de soutien social, perte de foi, mauvaise image de soi, isolement social, images intrusives, haine de soi et dysfonctionnement sexuel. » (1)

La réalisation de pratiques de conversion, la tentative d’en réaliser, le fait d’en proposer ou le fait d’y inciter constituent chaque fois des formes d’infraction à la loi belge, qui peuvent également mener jusqu’à 5 ans d’interdiction d'exercer une activité professionnelle de soin.

Les professionnel·les de la santé doivent savoir que la Belgique a interdit ces pratiques en 2023, comme de nombreux autres pays européens. Les sanctions peuvent aller jusqu’à des peines d’emprisonnement avec des facteurs aggravants si l’infraction a été commise par une personne détentrice d’une forme d’autorité ou de confiance sur la victime, si la victime est mineure ou si elle se trouve dans une situation particulière de vulnérabilité.

La réalisation de pratiques de conversion, la tentative d’en réaliser, le fait d’en proposer ou le fait d’y inciter constituent chaque fois des formes d’infraction à la loi belge, qui peuvent également mener jusqu’à 5 ans d’interdiction d’exercer une activité professionnelle de soin.

Les traitements, pratiques et efforts soutenus qui ont pour but principal l’identification des facteurs, donc des causes, qui peuvent avoir conduit à l’orientation sexuelle, à l’identité de genre ou à l’expression de genre d’un patient sont assimilés à des pratiques de conversion.

Si de nombreuses personnes évoluent dans leur vie d’un point de vue sentimental, sexuel ou identitaire il est illusoire et extrêmement préjudiciable de forcer quelqu’un à rentrer dans le moule de l’hétérocisnormativité.

Notons qu’à côté des thérapies de conversion il est intéressant d’envisager le concept de « micro-conversion ». Ces micro-conversions (assimilables au principe de micro-agressions), désigne des situations plus ambivalentes et sont donc des actes ou des postures générales qui, bien que dénués de la volonté franche de « convertir » ou même de la conscience de leurs conséquences normatives, ramènent tout de même vers la norme, à micro-doses. Cela se retrouve dans des questions, dans la façon de recevoir les demandes ou d’orienter le suivi. Ces éléments, considérés de façon isolée, pourraient ne pas être délétères pour la personne qui y fait face, mais c’est leur répétition et ce qu’ils représentent en termes de non-reconnaissance qui s’avèrent, malgré tout, correctifs.

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Par exemple :

  • « Si vous voulez enfant, je vous rappelle quand même que c’est plus facile avec un homme »
  • « Votre homosexualité pourrait être la conséquence de tel évènement »
  • « Vous êtes lesbienne, votre mère était absente ? »
  • « Désirez-vous réellement transitionner ? Pensez aux conséquences, vous pouvez encore changer d’avis, cela risque de vous amener des difficultés et des tracas »

sont des exemples d’interventions courantes de la part de professionnel·les et sont porteuses d’une certaine volonté de ramener vers la norme,vers ce qui est considéré comme plus sain, normal (non pathologique ou symptomatique) et donc qui représente un objectif de soin.

« Une fois mon diagnostic d’endométriose posé, on m’a proposé de faire de la kiné pour la zone du périnée. J’ai demandé « pourquoi ? » et le spécialiste me dit : « pour que vous puissiez de nouveau supporter les pénétrations ».  Ce à quoi je lui ai répondu que je n’avais pas cette pratique là dans dans ma sexualité, et il m’a dit « mais enfin, comment fait votre partenaire? ». Je lui ai expliqué que ma partenaire n’avait pas besoin de vivre la pénétration avec moi et il me dit « oui mais bon si un jour vous changez, que vous retournez avec un homme ». Toujours le même argument, c’est incroyable. » (2)

Quelque chose à guérir ?

Les pratiques de conversion sont des pratiques fallacieuses, inefficaces et dangereuses.