Des hommes et des hommes

Des hommes et des hommes

Les hommes* dits « gays » et bisexuels, en tant que groupe social, partagent certaines spécificités en termes de réalités quotidiennes notamment de santé, mais ne représentent pas, comme c’est aussi le cas pour les autres lettres du sigle LGBTQIA+, un ensemble monolithique.

On utilise régulièrement le terme de « communauté gay » pour désigner une manifestation culturelle et politique, mais il s’agit en réalité d’un ensemble très disparate de citoyens aux vécus différents. Le vocable « gay » a par ailleurs une connatation très anglosaxonne et occidentale, ce qui empêchera certaines personnes de s’y reconnaître.

D’un point de vue pragmatique on utilise parfois la dénomination HSH, hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, pour y inclure les hommes bisexuels et ne pas y accoler quelconque représentation identitaire ou définitive mais se concentrer uniquement sur les pratiques, ce qui, dans le cadre de la santé sexuelle par exemple, peut s’avérer plus efficace.

Parmi les spécificités que rencontrent les hommes homosexuels et bisexuels (ce qui n’exclut pas le fait qu’elles soient également les spécificités d’autres groupes sociaux), on peut noter, de manière non exhaustive : 

  • Une prévalence importante du VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles (IST).

Les hommes vivant en France et ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes ont, par exemple, 200 fois plus de risques de contamination au VIH que la population hétérosexuelle française. Au niveau mondial, les HSH connaissent une épidémie en moyenne 30 fois supérieure à celle de la population générale. 3,4 nouvelles contaminations par jour ont été diagnostiquées en Belgique (pour un total de 1227), 48% de ces nouvelles contaminations au VIH/SIDA ont été contractées lors de rapports homosexuels (6).

En France, en 2019, les homosexuels représentent 79 % des nouveaux diagnostics pour une syphilis récente et 74 % des diagnostics pour une gonorrhée (soit une augmentation de 29 % par rapport à 2017).

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  • Une santé générale moins bonne qui se dégrade plus rapidement.

Les problèmes de santé à long terme sont également supérieurement présents par rapport à ceux des hommes hétérosexuels, avec des invalidités qui restreignent leurs activités et leur aptitude au travail, notamment des problèmes d’ordre musculo-squelettique (arthrose, problèmes vertébraux…), mais également des  cancers, avec un risque plus important chez les hommes séropositifs, et des problèmes du foie et des reins. Ils ont par exemple deux fois plus de risques de développer un cancer anal.

  • Des troubles alimentaires et des addictions.

Les problèmes liés à l’obésité, les troubles de l’alimentation, la consommation excessive d’alcool, de tabac, l’usage et la dépendance à la drogue, parfois dans le cadre de chemsex, sont également plus élevés que chez les hommes  hétérosexuels.

Selon la National Eating Disorders Association, 42% de l’ensemble des hommes souffrant de troubles de l’alimentation s’identifient comme gay (4).

Le rapport à la masculinité et à l’image corporelle peut être source de malaise chez les hommes homosexuels et bisexuels qui sont soumis à des standards esthétiques très exigeants et discriminants, entre autre véhiculés par le monde médiatique et la pornographie. Cette tendance a également été accentuée durant la période critique de l’épidémie de VIH parce que les hommes gays souhaitaient, par opposition aux personnes « malades », s’afficher en « bonne santé »  en développant notamment leur musculature et en dépréciant les corps trop malingres.

Certaines catégories d’hommes gays ou bisexuels sont peu visibilisées et peu valorisées, notamment à cause des ces diktats physiques comme les hommes gros, les seniors, ou les hommes en situation de handicap.

  • Un état psychologique moins bon.

L’aspect psychologique est également important avec un risque de dépression et de tentative de suicide non négligeable, un sentiment de solitude, et un risque d’exclusion familiale, professionnelle, amicale… Chez les hommes homosexuels/bisexuels, 1/3 des moins de 20 ans ont notamment déclaré au moins une tentative de suicide au cours de leur vie. 

  • Une confrontation plus importante à de la violence.

Les hommes homosexuels et bisexuels sont surreprésentés dans les victimes de violences sexuelles, à tous les âges, et sont particulièrement susceptibles d’être agressés verbalement ou physiquement dans l’espace public, d’autant plus lorsqu’ils sont « visibles ».

Des hommes et des hommes

Vulnérabilités et spécificités des hommes gays, bisexuels et pansexuels.

Sources

[ Article rédigé avec la participation de Valentin Blaison (Ex Aequo) ]
  1. Infections sexuellement transmissibles (Santé Publique France, 2023)
    https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/infections-sexu[…]
  2. La santé mentale des personnes LGBT (Ireps Auvergne RhôneAlpes, Crips Auvergne Rhône-Alpes, 2020)
  3. Note de lecture – Health 4 LGBTI – Observatoire du sida et des sexualités – mai 2018 
  4. La recherche du corps parfait, cause de troubles alimentaires dans la communauté LGBTQ (Summers D., 2018) 
  5. Dans l’intimité de la consultation (Marine de Tilles & Sophie Peloux, 2019)
    https://www.maisonmedicale.org/dans-l-intimite-de-la-consultation/
  6. La sexualité à prendre en compte (Ex Aequo - TTBM)
    https://trestresbonmedecin.be/je-suis-medecin/la-sexualit%C3%A9-%C3%A0-pren[…]
  7. La Santé des personnes LGBTQI. Education santé, 363, 3-6 (Moeremans C., 2020)

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