VIH, Very Important History ?

VIH, Very Important History ?

VIH est l’abréviation de Virus de l'Immunodéficience Humaine. Il serait probablement apparu au Cameroun ou en Centrafrique dans la première moitié du XXe siècle et aurait même connu un cluster de transmission à Kinshasa à l’époque où elle était encore la capitale du Congo belge.

Son origine précise et sa diffusion font l’objet de beaucoup de débats mais il est certain qu’il a été hérité du VIS, le Virus de l’Immunodéficience Simiesque et a donc été transmis par fluides corporels, a priori par le sang, d’une espèce de singe à l’être humain, probablement le chimpanzé. 

Lorsque le VIH n’est pas traité, donc contenu grâce à des antirétroviraux, il mène la plupart du temps au Syndrome de l’Immunodéficience Acquise, c’est-à-dire le SIDA. Dans ce cas, l’espérance de vie de la personne vivant avec le VIH est considérablement réduite, de par l’affaiblissement de son système immunitaire. Mais il convient de rappeler qu’aujourd’hui une personne vivant avec le VIH, sous traitement, et avec une charge virale indétectable, ne le transmet pas par voie sexuelle et connaît la même espérance de vie qu’une personne séronégative. 

La première identification d’un cas de VIH/SIDA s’est faite en 1981, plusieurs décennies après l’apparition du virus chez l’espèce humaine. On estime aujourd’hui que cette pandémie mondiale aura fait au moins 32 millions de morts, que 15 millions de personnes sont actuellement sous traitement antirétroviral et que 2 millions de nouvelles infections sont diagnostiquées chaque année, parmi elles une écrasante majorité de personnes hétérosexuelles, le SIDA restant la première cause de mortalité chez les femmes de 15 à 44 ans dans le monde. 

l’histoire du VIH/SIDA représentera une immense déflagration dans la communauté LGBTQIA+ qui commençait à peine à se « normaliser » et se «dépathologiser » dans le monde occidental

Pourtant l’époque de la découverte de ce virus va l’assimiler très rapidement aux hommes homosexuels et aux femmes transgenres, à un tel stade qu’on le surnommera au départ « syndrome gay », « cancer gay » ou « déficit immunitaire lié à l’homosexualité » et que l’histoire du VIH/SIDA représentera une immense déflagration dans la communauté LGBTQIA+ qui commençait à peine à se « normaliser » et se  «dépathologiser » dans le monde occidental. 

Cette association vient du fait que les premiers cas identifiés étaient des hommes homosexuels vivant dans de grandes métropoles des Etats-Unis, notamment parce qu’ils faisaient déjà l’objet d’une surveillance médicale particulière. On attribuera même faussement l’origine du SIDA à l’utilisation du « poppers », un vasodilatateur employé lors de rapports sexuels.  

Il est avéré que l’épidémie du VIH/SIDA va en partie apparaître en Occident, au contraire du reste du monde, chez les hommes homosexuels et les femmes transgenres. Cela est dû à une part de hasard mais également aux rapports sexuels que ces personnes entretiennent entre elles dans une communauté davantage restreinte, sans nécessité de contraceptif, et du fait que les rapports sexuels anaux sont plus transmissifs que les rapports vaginaux. La surreprésentation de ces deux publics, dans le nombre total de personnes séropositives occidentales, est une réalité qui va se perpétuer jusqu’à nos jours, bien que la majorité des personnes séropositives occidentales soient hétérosexuelles. 

Certaines personnes hétérosexuelles qui avaient contracté la maladie au début des années 1980 étaient également poussées à avouer une soi-disant homosexualité, dans une démarche stigmatisante, qui va longtemps considérer les personnes touchées par cette épidémie comme automatiquement homosexuelles. La découverte de nouveaux cas non-homosexuels, notamment en Haïti, poussera les épidémiologistes américains à désigner le SIDA avec l’expression méprisante de « maladie des 4H » pour héroïnomanes, homosexuels, hémophiles et Haïtiens. 

Les personnes LGBTQIA+ seront donc pendant plusieurs décennies les boucs émissaires tout désignés de la diffusion du VIH/SIDA, alors qu’elles connaîtront au même moment de nombreux décès liés à cette maladie, parfois dans l’indifférence générale, souvent en étant culpabilisées. Certaines personnalités politiques appelleront même au « fichage » des personnes séropositives. 

Cette situation va pousser la communauté LGBTQIA+ à s’organiser, à créer de nombreux mouvements d’activistes, pour s’automédiquer, enterrer dignement les personnes défuntes et pour faire pression sur la recherche et les politiques de santé dès la fin des années 1980. Avec l’apparition de la trithérapie en 1996, l’image des personnes séropositives va lentement s’améliorer. Ce militantisme connaîtra son apogée dans les années 1990 et 2000 et participera grandement à l’obtention de résultats comme le remboursement des traitements, des campagnes de prévention, la distribution de médicaments dans les pays dits du « Sud global » et la lutte contre la sérophobie

Bien que témoin d’une solidarité intercommunautaire exceptionnelle, la « crise du SIDA » est souvent considérée comme un traumatisme collectif pour les personnes homosexuelles, bisexuelles ou transgenres, particulièrement lorsqu’elles étaient déjà sexuellement actives au pic de l’épidémie.

Cette période est marquée par le fait que les LGBTQIA+ séropositifs étaient régulièrement plus informés sur les questions concernant leur propre santé que certains spécialistes auxquels ils s’adressaient, comme c’est encore souvent le cas actuellement pour les questions de transidentités. Bien que témoin d’une solidarité intercommunautaire exceptionnelle, la « crise du SIDA » est souvent considérée comme un traumatisme collectif pour les personnes homosexuelles, bisexuelles ou transgenres, particulièrement lorsqu’elles étaient déjà sexuellement actives au pic de l’épidémie.

Aujourd’hui encore, les droits LGBTQIA+ sont indissociés de la lutte contre le VIH dans de nombreux pays du monde. Il subsiste une importante inégalité de traitements et d’accès au traitement entre les différents pays. 

Le VIH/SIDA était toujours considéré par certains représentants religieux comme un châtiment divin, un siècle après les théories de la dégénérescence et quelques décennies avant la pandémie de COVID-19 qui donnera également lieu à certaines prises de position homophobes.

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« Savoir c’est pouvoir : Si la communauté des homosexuels a appris quelque chose au début de l’épidémie du VIH/sida aux États-Unis, c’est bien cela. Personne ne savait ce qui arrivait, les gens mouraient en grand nombre autour de nous. La communauté a perdu des amis, des collègues et des partenaires. Ayant été initialement nommé à tort « déficit immunitaire lié à l’homosexualité » (GRID), un temps précieux a été perdu dans la réponse à la crise parce que la plupart des gens étaient persuadés qu’ils ne faisaient pas partie de la population à risque. Les premières victimes étant principalement des homosexuels, la stigmatisation liée à l’homosexualité dans les institutions médicales, gouvernementales, religieuses et celles chargées de la répression est devenue un obstacle à la compréhension, à la prévention et au traitement de la maladie. » (4)

VIH, Very Important History ?

Boucs émissaires de cette épidémie, les personnes LGBTQIA+ font face à un traumatisme collectif dans une certaine indifférence.

Sources

  1. De l’angoisse à la lutte, une histoire du sida (Matthieu Stricot, 2021)
    https://lejournal.cnrs.fr/articles/de-langoisse-a-la-lutte-une-histoire-du-[…]
  2. Quand le sida était un "cancer gay" et un châtiment divin (Thomas Snégaroff, 2017)
    https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/histoires-d-info/histoires-d-info-[…]
  3. POUR UN MONDE SANS SIDA, DÉMÉDICALISONS ! (Coalition PLUS, 2018)
  4. VIH/SIDA+ Éducation : Leçons des Années 1980 + la communauté des homosexuels aux États-Unis (Neal King)
    https://www.un.org/fr/chronicle/article/vihsida-education-lecons-des-annees[…]
  5. Cet article est dédié à la virologue belge Lise Thiry, décédée durant la rédaction de ce guide.
    https://www.rtbf.be/article/lise-thiry-lengagement-sans-faille-dune-pionnie[…]

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