Précisions sur les intersexuations

Précisions sur les intersexuations

Les personnes intersexes / intersexuées ont la spécificité d’avoir intégré le sigle LGBTQIA+ en raison de leurs caractéristiques sexuelles. On estime qu’elles représentent environ 2% de la population mondiale, le reste de la population pouvant par conséquent être définit comme endosexe, c'est-à-dire appartenant à l'un des deux sexes dyadiques (mâle et femelle), et dont les caractéristiques sexuelles sont considérées comme faisant partie de la norme.

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l’intersexuation n’entraînent que rarement des problèmes de santé intrinsèques

Parce que leur singularité couvre des questions biologiques, bien que cela puisse également mener à des questionnements sur l’identité de genre ou sur la sexualité en générale, la manière d’accueillir les citoyen·nes intersexes dans les milieux de santé pose souvent problème et fait d’ell·eux des publics particulièrement à risques de mauvais traitement, malgré que l’intersexuation n’entraînent que rarement des problèmes de santé intrinsèques

Les personnes intersexes ont des caractéristiques sexuelles biologiques qui s’écartent des normes traditionnellement admises de ce qu’on attend d’une corporalité mâle ou femelle. Les termes « hermaphrodite » ou « hermaphrodisme » utilisés dans le passé doivent être proscrits parce qu’ils sont incorrects et insultants, les animaux hermaphrodites étant par ailleurs des êtres qui changent de sexe ou qui s’autofécondent ce qui n’est pas possible chez l’espèce humaine. De même, l’appellation de « trouble du développement sexuel » est également à proscrire, parce qu’elle pathologise et stigmatise les personnes intersexes. 

les personnes intersexes peuvent être considérées comme une « communauté » non pas par des points communs anatomiques particuliers mais plutôt par le fait qu’elle subissent la même discrimination parce qu’elles sortent de la norme.

En réalité le sexe des individus doit davantage être perçu comme un continuum de possibilités entre les deux sexes dyadiques mâle et femelle. Ces formes d’intersexuation « entre les deux »  sont multiples et variées et n’ont parfois aucun rapport entre elles ce qui fait que les personnes intersexes peuvent être considérées comme une « communauté » non pas par des points communs anatomiques particuliers mais plutôt par le fait qu’elle subissent la même discrimination parce qu’elles sortent de la norme. Dans les travaux de recherche disponibles, on constate par exemple que les personnes intersexes rapportent un isolement dû au harcèlement, à la stigmatisation, aux discriminations et au rejet par l’entourage. En Belgique, 60% des personnes intersexes ont fait des tentatives de suicide ou ont eu des idées suicidaires.

Une forme d’intersexuation peut se trouver aux niveaux génétique, chromosomique (par exemple des personnes qui ne sont ni strictement XY ni strictement XX), anatomique (distribution de graisses, masse musculaire, pilosité, développement mammaire…) au niveau des organes sexuels internes et externes (les cas les plus médiatisés sont souvent ceux d’un appareil génital avec des expressions mâles et femelles, bien que ces cas soient en réalité très rares), gonadiques ou hormonal (par exemple dans un dosage naturel hors de la « norme » de testostérone, de progestérone ou d’oestrogènes). 

Aujourd’hui encore, en Belgique et ailleurs, les enfants intersexes qui naissent avec une génitalité considérée comme « ambiguë » peuvent être mutilés très jeunes et opérés à de nombreuses reprises pour faire entrer leur corporalité dans la norme, dans la majorité des cas en créant un néovagin. Ces pratiques sont héritées de la moitié du XXe siècle, notamment du sexologue néo-zélandais John Money qui considérait, bien entendu à tort, que l’on pouvait « réassigner sexuellement » un enfant pour le faire correspondre à une norme prétendue claire et que cela n’aurait pas de conséquences psychologiques dans son développement futur.

En réalité, ces opérations peuvent provoquer de graves complications et avoir des conséquences irréversibles tant physiques que mentales, rendant parfois les personnes stériles. Certains enfants intersexes peuvent également être contraints de suivre un traitement hormonal « normalisant » sans leur consentement.

la Belgique, nonobstant plusieurs tentatives, n'a toujours pas réussi à légiférer sur cette question.

Ces interventions ont été critiquées par l’Organisation mondiale de la Santé, d’autres organes des Nations unies tels que le Haut-Commissariat aux Droits Humains et un nombre croissant d’institutions régionales et nationales. Seuls quelques rares pays comme l’Espagne, la Grèce, l’Autriche, l’Albanie ou Malte ont légalement interdit ces pratiques et la Belgique, nonobstant plusieurs tentatives, n’a toujours pas réussi à légiférer sur cette question.

Précisions sur les intersexuations

Les citoyen·nes intersexes subissent encore des interventions lourdes de conséquence.