Introduction aux transidentités

Introduction aux transidentités

Les vécus des personnes trans*, dans leur foisonnante diversité, constituent un nouveau défi pour les espaces et professionnel·les de soins au fur et à mesure que ces personnes s’affirment, approchent leur « point de confort » et que ces réalités sont mieux connues par le reste de la société.

L’existence des personnes trans* peut représenter une certaine forme d’irrévérence par rapport aux codes normés du masculin, du féminin ou de la corporalité. Cela a tendance à les placer dans une position particulièrement marginalisée et compliquée lorsqu’il s’agit notamment de questions de santé.

Cette gynéco s'est montrée extrêmement ignorante de l'existence des hommes trans*. C'est bien simple, elle n'avait pas l'air de savoir qu'on pouvait être un homme trans* avec une vulve. Elle ne s'est pas montrée désobligeante du tout, ceci dit. Mais j'ai dû lui expliquer beaucoup de choses alors qu’une consultation n'est pas un moment où l'on devrait éduquer nos médecins(5)

Une personne trans* est quiconque qui ne se reconnaît pas dans le genre qu’on lui a attribué à la naissance (et dans lequel on l’a élevée / éduquée) et qui se définit comme telle. Dans l’écrasante majorité des cas, l’on assigne un genre « femme » à un enfant né « femelle » et un genre « homme » à un enfant né « mâle », mais cela évolue aussi en fonction des époques et des régions du monde.

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Le mot « trans* » est un terme coupole qui regroupe de nombreuses réalités différentes. Une personne trans* pourra entamer (ou pas) un parcours plus ou moins important de transition de genre, en adaptant, modifiant, ajoutant, retirant des caractéristiques physiques, vestimentaires, comportementales, personnelles, selon son point de confort, qu’il serait ardu de lister ici de manière exhaustive tant il existe de possibilités.

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Le point de confort désigne la représentation de soi et celle que l’on propose au monde extérieur qui correspond le mieux à la manière dont on vit son genre.

Les parcours de transition, très variables donc selon les individus, ont parfois pour conséquence la précarisation de leurs conditions de vie avec une réduction de l’accès aux soins et d’importants risques d’isolement.

« La charge de la morbidité est particulièrement importante : mortalité, cancers, diabètes… On relève  un taux élevé de personnes trans* ayant le VIH et d’autres IST, ayant été victimes d’abus sexuels et de violences, par rapport aux personnes cisgenres. La consommation de  substances psychoactives est également plus élevée et les dépressions, stress et anxiété  touchent environ la moitié des personnes trans* » (1).

Les femmes trans*, c’est-à-dire des femmes qui ont été assignées comme hommes à la naissance, sont 49 fois plus susceptibles d’être séropositives à l’échelle mondiale. On estime leur taux de prévalence au VIH à 19 %, soit près d’une femme trans* sur cinq (2).

Les études faites en Europe, aux États-Unis et au Canada montrent des taux de tentative  de suicide alarmants allant de 22 à 43% de personnes trans* ayant fait une tentative de suicide. Au Danemark, une étude réalisée sur 42 ans, et publiée en 2023, indique que les personnes trans* ont un taux de suicide de 75 sur 100 000, contre 21 pour 100 000 pour les personnes cisgenres, alors même que ce pays fait partie des « meilleurs élèves » en termes d’acceptation des publics trans* (3).

Concernant l’impact de la transition sur la santé mentale, les travaux disponibles montrent que l’état de  santé mental s’améliore très largement après la transition (pour autant qu’elle puisse être accueillie sans violence), avec une chute des idées et  tentatives de suicide et des dépressions.

Les personnes trans* ont également tendance à être surmédicalisées par les professionnel·les de soins et on attribue souvent à tort leurs soucis de santé au traitement hormonal ou au fait d’avoir entrepris une transition de genre en général.

 

Soulignons l’importance du respect de l’identité de genre des patient·es qui est l’une des étapes nécessaires à la création d’un lien thérapeutique de confiance.

Il existe plusieurs possibilités pour éviter de mégenrer un·e patient·e :

  • En salle d’attente : « La personne suivante qui a rendez-vous avec la·e docteur·e X » ;  « La personne qui a rendez-vous à telle heure avec la·e docteur·e X», ou encore appeler la personne par son nom de famille.
  • Lors d’une prise de rendez-vous : proposer à la personne de préciser ses pronoms et son accord de genre et s’assurer que la·e patient·e peut prendre rendez-vous avec le prénom/pronom de son choix auprès du secrétariat ou de l’agenda en ligne.
  • S’il y a un premier entretien avec un·e accueillant·e, par exemple dans une maison médicale ou un planning familial, on peut rajouter à l’anamnèse systématique les informations suivantes (en rappelant toujours au patient ou à la patiente qu’i·el n’est pas dans l’obligation d’y répondre) : pronoms, accord de genre, orientation sexuelle et identité de genre.

Introduction aux transidentités

Une personne trans* est quiconque qui ne se reconnaît pas dans le genre qu’on lui a attribué à la naissance et qui se définit comme telle.

Sources

  1. Note de lecture – Health 4 LGBTI – Observatoire du sida et des sexualités (Régny M. , 2018)
  2. Guide LGBTQI+ pour un meilleur accueil des minorités genrées, sexuelles et sexuées à destination des professionnel·le·s de santé (2021)
  3. Pour les personnes transgenres, le risque de faire une tentative de suicide est près de huit fois plus important, selon une étude danoise inédite (Le Monde, 2023)
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/07/06/pour-les-personnes-[…]
  4. Transgender people (2023)
    https://www.unaids.org/fr/keywords/transgendered-people
  5. Témoignages recueillis pour ce guide

Pour aller plus loin

L'association belge Genres Pluriels a publié deux guides très complets qui parcourent les questions de santé générale de personnes trans* :

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