i·els pensent pas qu’à ça

i·els pensent pas qu’à ça

Le terme asexuel·le désigne une personne qui ressent peu voire aucune attirance sexuelle.

Ces personnes sont également appelées « ace ». Il faut cependant considérer ce terme comme un terme « coupole » qui couvre différentes réalités. L’asexualité est définie comme une orientation sexuelle comme une autre ou comme l’absence d’orientation sexuelle. Il s’agit d’une réalité naturelle et non choisie, comme le fait d’être par exemple homosexuel·le ou bisexuel·le. L’asexualité n’est donc pas un « dégoût » dû à différentes expériences sexuelles négatives, mais une absence d’attirance spontanée.

Il existe aussi des personnes « aromantiques » qui n’ont aucune attirance romantique envers quiconque mais qui peuvent tout à fait éprouver une attirance sexuelle vis-à-vis d’autres personnes.

Il convient de bien distinguer l’asexualité des concepts d’abstinence ou de célibat qui ne sont pas en lien avec l’orientation sexuelle et qui sont le résultat de convictions personnelles, parfois religieuses, ou d’un simple état de fait plus ou moins étalé dans le temps.

Par ailleurs, la sexualité n’est pas un besoin vital, les personnes qui s’en privent ou en sont privées n’ont pas de répercussion sur leur santé.

Le fait d’être contraint·e de ne pas avoir de pratiques sexuelles par des facteurs indépendants de sa volonté ou par convictions, l’exemple le plus populaire étant l’abstinence des prêtres catholiques, ne correspond donc pas à une orientation sexuelle asexuelle. Au contraire, l’orientation sexuelle, dont l’asexualité, est considérée comme étant un ressenti généralement « permanent », donc tout au long de la vie d’un individu, indépendamment de son choix. Par ailleurs, la sexualité n’est pas un besoin vital, les personnes qui s’en privent ou en sont privées n’ont pas de répercussion sur leur santé.

Il est également important de préciser que certaines personnes asexuelles ont des rapports sexuels bien qu’elles ne ressentent pas d’attirance sexuelle. Ces rapports peuvent être motivés par la volonté de satisfaire leur partenaire dans le cadre d’une relation intime, par simple curiosité, ou par le désir d’avoir des enfants, à partir du moment où dans tous les cas la personne asexuelle est, bien entendu, consentante.

Le besoin ou le désir de se masturber est aussi régulièrement dissocié de l’attirance sexuelle de telle sorte que l’on peut se masturber et s’identifier comme asexuel·le tout en ressentant plus ou moins de plaisir. Certaines personnes asexuelles peuvent aussi avoir des fantasmes à propos d’autres personnes mais ne pas vouloir réellement les réaliser.

L’asexualité pose la question de la sexualité en général, à partir de quand peut-on parler de pratiques sexuelles, quelles sont les différentes manières d’avoir une forme de sexualité satisfaisante et épanouissante, quelle partie du corps solliciter, à partir de quand peut-on parler de désir etc. A ces questions, encore une fois, une multitude de réponses qui varient énormément en fonction des personnes, de leur âge, de leur corporalité…

Le fait d’avoir ajouté l’asexualité au sigle LGBTQIA+ a permis de valoriser cette réalité, mettre en exergue ce rapport alternatif à la sexualité hétérocisnormative et de donner la parole aux personnes qui se considèrent comme asexuelles. Pendant longtemps, cette orientation sexuelle était incomprise, était parfois pathologisée, considérée comme un trouble mental ou physique, comme l’ont été les vécus d’autres individus représentés par une lettre du sigle. L’Association américaine de psychiatrie ne reconnaît plus l’asexualité comme pathologie depuis 2013 uniquement.

Dans certaines régions du monde et à certaines époques encore très récentes, les personnes mariées, particulièrement les femmes, étaient supposées « honorer leur devoir conjugal », bien que ces termes précis n’aient jamais été présents dans le Code civil belge, par exemple. Alors qu’un mariage « non consommé » était considéré comme une insulte faite au sacrement du mariage, notamment dans l’Europe médiévale, l’asexualité en tant que telle, à la différence de l’homosexualité, n’a jamais été illégale. Cependant la reconnaissance d’une possible asexualité d’un des époux n’était pas concevable, pouvait être un motif, considéré comme valable, de divorce et certaines persones ont été victimes de viol ou d’agression sexuelle pour « leur apprendre à apprécier la sexualité ». L’évolution du droit vers la reconnaissance du viol conjugal et de la prise en compte de la notion de consentement permet désormais d’être marié·e sans avoir à assouvir quelconque forme précise de sexualité.

Les personnes asexuelles ont toujours existé mais leur organisation politique est très récente. Depuis le début du XXIe siècle les associations de personnes asexuelles luttent contre leur invisibilité dans l’Histoire, contre les stéréotypes qui leurs sont généralement attribués et pour le renforcement et l’épanouissement de ces publics qui manquent parfois d’estime d’eux-mêmes et n’osent pas s’affirmer face à une société hypersexualisée où la sexualité est la norme, synonyme de réussite, de virilité, de liberté ou d’unique option possible dans le cadre de relations amoureuses / romantiques. Le coming in d’une possible asexualité peut être un parcours difficile parce que cette orientation sexuelle est différente de celle de la majorité, parce que certaines personnes se considéreront à tort comme « malades » et chercheront une aide médicale, psychologique ou sexologique et parce que la vie quotidienne avec un entourage qui ne partage pas cette orientation pourra susciter bon nombre d’incompréhensions voire d’injonctions.

Les professionnel·les de santé doivent se garder de considérer qu’une personne qu’i·els reçoivent pratique une vie sexuelle a priori et ne surtout pas inciter qui que ce soit à tendre vers une vie sexuelle plus active si cela ne correspond pas à ses aspirations.

i·els pensent pas qu’à ça

Un monde hypersexualisé laisse-t-il de la place pour tous·tes ?