Nous arrive-t-il de présupposer ?

Nous arrive-t-il de présupposer ?

L’hétéronormativité est un préjugé culturel qui suppose par défaut que tout le monde est hétérosexuel·le, ce qui entraîne de la discrimination envers les personnes avec d’autres identités/orientations romantiques et sexuelles.

C’est une conception du monde qui favorise et considère, par défaut, que nos sociétés fonctionnent sur un modèle « hétérosexuel » en termes de relations, de comportements et de représentations. Elle normalise donc l’hétérosexualité comme la seule orientation sexuelle légitime mais considère aussi, par extrapolation, que les identités de genre, expressions de genre et rôles de genre sont basés sur la dualité entre les hommes et les femmes à partir de leur sexe biologique. Pour appuyer ces dernières réalités on parle aussi régulièrement d’hétérocisnormativité.

« J’explique à mon gynéco que je suis en couple avec une femme depuis quelques années. Et là mon gynéco, un homme, me dit « mais enfin, peut-être que vous allez changer d’avis. Vous allez peut-être un jour choisir d’être en couple avec un homme et peut-être que, lui, il voudra des enfants ». Là j’en rigole hein, mais sur le moment, c’était pas drôle du tout. » (1)

La cisnormativité est un préjugé culturel qui suppose que tout le monde est cisgenre. Cette idée normative privilégie les personnes dont l’identité de genre réelle correspond au genre assigné à la naissance (sur base des caractéristiques sexuelles).

Ce préjugé inclut souvent une ignorance des identités trans* ou de la diversité des genres et entraine de la discrimination envers les personnes non-cisgenres. Les personnes transgenres, non-binaires, explorant leur(s) genre(s) et intersexes sont alors renvoyées à une forme de pathologisation abusive et d’exclusion du spectre des possibles. 

La discrimination qui en découle peut prendre plusieurs formes allant de commentaires maladroits à une violence franche, en passant par l’exclusion, le refus de soins, la pathologisation abusive, la stigmatisation, un traitement défavorable, des attitudes négatives, etc.

Ces actes de discrimination entrainent des conséquences délétères sur la santé, le bien-être et le sentiment de sécurité des personnes concernées.

Le questionnement de ces normes est nécessaire afin d’éviter de renforcer les systèmes de corrections sociales en place voire également ceux de (micro-)conversion lors des suivis de soins.

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Il s’agit de normes sociales qui déterminent une certaine façon de concevoir et de percevoir le monde, parce que cette norme serait considérée comme la seule valide ou la plus valide.

Voici quelques exemples pratiques proposés par le CRIPS Île-de-France (2) :  

Une femme arrive pour une consultation gynécologique.

Attention à ne pas présupposer :

  • De son orientation sexuelle et de ses pratiques
  • Du nombre et de l’identité de genre de sa·on ou ses partenaires sexuel·les 
  • Du fait que la personne utilise ou veut forcément utiliser un moyen de contraception 

Au début de la consultation, n’hésitez pas à poser des questions ouvertes : « Avez-vous un, une, des partenaires sexuel·les ? », « Avez-vous besoin d’une contraception ? ».

Une femme arrive pour demander la PrEP et tend ses documents d’identité qui affichent un prénom masculin marqueur de genre masculin.

Attention à ne pas présupposer : 

  • Du genre de la personne
  • Du parcours de transition médical, social, administratif de la personne (chaque parcours est unique)
  • De l’orientation sexuelle et/ou des pratiques sexuelles de la personne

Évitez les remarques sur le physique, même positives, s’il n’y a pas de lien avec la consultation. Si vous avez un doute la première fois, demandez quels prénoms et pronoms la personne utilise. Si vous faites une erreur, n’hésitez pas à vous excuser.

Nous arrive-t-il de présupposer ?

Probablement, en raison de l’hétérocis-normativité.

Sources

[ Article rédigé avec la participation de Jules Dufey ]
  1. Témoignages recueillis pour ce guide.
  2. Pour une santé inclusive (CRIPS Île-de-France, 2021)
  3. Santé et bien-être des personnes de la pluralité de genre (Gouvernement du Québec, 2020)

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