Peut-on être enfant et trans* ?
Peut-on être enfant et trans* ?
Il n’y a pas d’âge pour être transgenre ou pour explorer ou questionner son identité de genre. On peut s’identifier trans*, non-binaire, agenre ou en questionnement lorsque la réalité de son identité de genre ne concorde pas avec le genre qui a été assigné à la naissance, peu importe son âge.
Le genre et ses mécanismes sont des constructions sociales qui ne découlent pas de la nature. Un·e individu n’est pas « par nature » de genre masculin parce que possédant un corps avec un pénis. De la même manière, les frontières entre les différentes identités de genre ne sont pas inscrites dans les gênes ou dans le corps, mais sont floues, poreuses et malléables. Il est donc possible, pour chacun·e, de les explorer, de les questionner ou de les (ré)affirmer.
Dans certains cas, l’évidence d’un changement de son identité de genre apparaît très tôt dans l’enfance. Il n’y a pas d’âge minimum qui conditionnerait ou autoriserait un enfant à explorer son identité de genre authentique et à cheminer vers ses propres réponses.
Il n’y a pas non plus d’âge maximum après lequel l’identité de genre serait ancrée d’une façon indéboulonnable.
La confusion entre genre, sexe et sexualité entretient la croyance erronée qu’un enfant prépubère ne pourrait pas être transidentitaire ou questionner son identité de genre.
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Plusieurs études considèrent que le sentiment d’identité se développerait dès 3 ou 4 ans. Le sentiment d’incongruence entre l’identité de genre authentique et assignée peut apparaître, en moyenne, vers 10,4 ans (intervalle de 6 à 15 ans). (1) (2)
Une fois que les jeunes personnes trans* peuvent affirmer et vivre leur identité de genre de façon authentique (notamment en bénéficiant d’un accueil respectueux et d’une reconnaissance de leur identité), i·els peuvent développer un sentiment d’identité de genre dont la force et l’ancrage sont identiques à ceux des enfants cisgenres. Cela démontre l’importance, pour les adultes et les professionnel·les qui les entourent, d’être sensibilisé·es à cette thématique, pour les soutenir et les accompagner dans leur autodétermination.
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Dans ces accompagnements, il est important de reconnaître la légitimité d’une identité de genre ressentie et exprimée. De la même manière, il y a également lieu de soutenir les périodes de doutes et de questionnements par lesquelles peuvent passer un·e jeune sans exercer de pression à « savoir » ou à trouver une « réponse » immuable.
Plus globalement, déstigmatiser revient à s’écarter de la croyance qu’une transidentité « valable » est celle d’une personne qui :
- est adulte
- est sûre d’elle (qui ne doute pas ou n’a jamais douté)
- n’a pas subi d’influence ou de mode extérieure
- le sait depuis toujours et en montre des signes apparents
- passe « d’un genre à l’autre »
- va « jusqu’au bout » (comprendre, s’engage dans l’ensemble des différents types de transition : sociale, juridique, médicale)
A contrario et en réalité, une personne peut être trans* et :
- enfant, adolescent·e
- avoir des doutes (passagers ou persistants)
- s’enrichir et s’associer à des vécus externes
- le découvrir au cours de son développement et n’en montrer aucun signe visible
- ressentir une identité hors de la binarité de genre
- trouver un point de confort propre
En conclusion, il y a lieu de s’interroger sur les croyances qui annihilent et empêchent toute une série de vécus au profit du maintien, in fine, d’un modèle dérivé de l’identité cisnormative.
Bien souvent, et même si cela peut être dénué de la volonté consciente de nier ces vécus, les proches (notamment les parents) et les professionnel·les vont avoir tendance à être rassuré·es et à reconnaître un vécu légitime sur base des critères précités, sans accorder à la personne concernée la possibilité d’exploiter les nuances et les libertés qu’offre, en réalité, la complexité des mécanismes identitaires.
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Un accompagnement (familial ou professionnel) qui laisse de la place à l’individualité du ressenti authentique offrira une alliance plus forte et un sentiment de soutien plus prégnant.
Peut-on être enfant et trans* ?
Oui, il n’y a pas d’âge minimum, ni maximum, pour questionner ou affirmer son genre.
Sources
- Ehrensaft, D. (2012). From gender identity disorder to gender identity creativity : true gender self child therapy. Journal of Homosexuality.
- Grossman, A.H., & D’augelli, A.R. (2006). Transgender youth : Invisible and vulnerable. Journal of Homosexuality.