Tu seras bienvenu·e chez moi
Tu seras bienvenu·e chez moi
D’une manière générale, un espace inclusif prendra en compte les besoins de l’ensemble des personnes qui le fréquentent ou qui pourraient le fréquenter.
Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations : « Il s’agit d’un espace perçu par une personne comme accueillant et acceptant son identité, et dans lequel elle peut apporter sa contribution/partager des informations sans craindre de répercussion négative. (…) espace dans lequel les gens se sentent respectés et suffisamment en sécurité sur le plan physique, psychologique et émotionnel pour prendre des risques, exprimer et explorer leurs points de vue, identités, attitudes et comportements » (1).
Pour l’association Garance ce sont des espaces « où chacun·e peut se rendre, passer du temps, faire des allers-retours, en fonction des souhaits et/ou besoins qu’i·els rencontrent et sans que cela ne soit empêché par des obstacles physiques, psychologiques, mentaux, symboliques ou pratiques » (2)
L’association Le Poisson sans Bicyclette a réalisé un travail approfondi sur les questions d’accessibilité aux lieux pour les personnes neuro-divergentes et les personnes grosses. Au terme « inclusivité », elle a préféré le terme « accessibilité » pour aborder les possibilités matérielles pour ces personnes d’accéder et fréquenter un lieu : « Nous avons voulu aller « plus loin » que de parler de simple accès à des lieux et événements culturels et militants, en questionnant tout ce qui fait obstacle à la participation de certaines personnes aux espaces culturels, associatifs, et militants, et en explorant ce que l’on peut participer à réduire. D’ailleurs, les personnes que nous avons rencontrées et interrogées, qui faisaient face à des questions d’accessibilité au sens propre et strict ont aussi parlé de tout ce qui rendait un milieu / un événement / un lieu, excluant pour elles et eux ». (3)
Le fait de rendre un espace inclusif est un projet qui n’a pas réellement de terme parce que tout aménagement est perfectible.
L’inclusivité demande donc de questionner le sentiment de « bienvenue » perçu par les publics au sein d’un lieu, pour y entrer, pour en sortir, pour y circuler et pour y revenir. Il convient pour ce faire de dégager des aspects objectivables qui tendent vers l’inclusion, de mettre en place les aménagements nécessaires et de réfléchir régulièrement aux obstacles qui se posent. Le fait de rendre un espace inclusif est un projet qui n’a pas réellement de terme parce que tout aménagement est perfectible. Par ailleurs, l’inclusivité suppose de prendre en compte une multiplicité de publics très divers. C’est à partir des besoins de groupes minoritaires que l’inclusivité d’un espace est pensée et travaillée. Comme pour l’attitude d’un·e professionnel·le, un espace peut souvent nous sembler neutre et adapté à tous·tes alors qu’en réalité il établit, même inconsciemment toute une série de frein à une réelle accessibilité.
Pourtant l’inclusivité, d’autant plus lorsqu’on traite des sujets de santé, n’est ni une faveur ni un luxe particulier. Il s’agit d’adaptations nécessaires pour aller vers une véritable égalité de traitement, une vraie égalité des droits. Le droit et l’accès aux droits sont des réalités très différentes. En France, par exemple, 1 étranger sans titre de séjour sur 2 (49%) n’a pas recours à l’Aide Médicale d’Etat (AME) pour subvenir à ses besoins de santé, bien qu’y étant éligible (4). Ce non-recours s’explique par différents biais, de la carence d’information à la honte ou l’automédication.
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Les services publics se doivent aussi d’être exemplaires en termes d’inclusivité puisqu’ils représentent par définition un service pour tous·tes, le « patrimoine de cell·eux qui n’en n’ont pas ». L’inclusivité d’un lieu est donc avant tout une question de justice sociale afin qu’il ne soit pas réservé de facto à la majorité, à la norme.
Un espace inclusif répond aussi au besoin de se sentir en confiance, de se sentir compris et au besoin de sécurité. Cela peut par exemple passer par la confidentialité, la discrétion ou l’anonymat pour les personnes LGBTQIA+ ou ne disposant pas de titre de séjour en règle. De nombreux practicien·nes demandent de montrer une pièce d’identité officielle, les informations qui y figurent ne correspondent pas toujours aux données personnelles d’usage des bénéficiaires, comme un genre ou un prénom.
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Il arrive également que l’on parle de safe space ou safer space (dans le sens plus safe, parce qu’un espace totalement safe n’existe pas) voire de brave space (5) mais il s’agit davantage d’un espace destiné à être un lieu de protection, de retranchement, une zone de repos parfois en mixité choisie, pour s’organiser collectivement, politiquement, développer un sentiment d’appartenance, proposer une parole libre ou se réapproprier l’espace.
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“Le seul critère de réussite d'une collectivité devrait être sa capacité à ne pas exclure, à faire sentir à chacun qu'il est le bienvenu, car tous ont besoin de lui.”(6)
Tu seras bienvenu·e chez moi
Un espace inclusif est un lieu de justice sociale.
Sources
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Guidelines à destination des gestionnaires de services de première ligne pour créer des espaces (plus) safe pour les personnes LGBTQI+ issues de la migration (Organisation internationale pour les migration (OIM), A.Yancy, 2021)
https://belgium.iom.int/lgbtqi-toolbox -
L’espace inclusif vu par l’asbl Garance (Atingo, 2022)
https://atingo.be/a-la-une/lespace-inclusif-vu-par-lasbl-garance/ -
En accès limité ? (Le Poissons sans bicyclette)
https://lepoissonsansbicyclette.be/ressources/ -
Est-il vrai que 87 % des sans-papiers éligibles à l’AME n’y ont pas recours ? (Enzo Quenescourt, 2023)
https://www.liberation.fr/checknews/est-il-vrai-que-87-des-sans-papiers-eli[…] -
Cha Prieur Psychothérapie
https://sites.google.com/site/chaprieuraccompagnement/psychotherapie?authus[…] - Albert Jacquard (2000), J'accuse l'économie triomphante