Du côté des saphiques

Du côté des saphiques

Les femmes lesbiennes, comme les autres lettres du sigle, représentent un groupe d’individus très disparate, avec des réalités non homogènes, bien qu’au fil des siècles une véritable « culture lesbienne» se soit dessinée, notamment à travers la littérature et dans le fait de politiser des pratiques amoureuses et sexuelles qui se défont de l’oppression patriarcale, ou au moins de celle exercée par les hommes.

Les femmes lesbiennes, bisexuelles et pansexuelles subissent des formes de lesbophobie et de biphobie qui peuvent prendre la forme d’une présomption d’hétérosexualité dans le domaine des soins.

Les FSF sont généralement plus éloignées des espaces de soins de santé sexuelle que les femmes hétérosexuelles, entre autres lorsqu’elles n’utilisent pas de moyens de contraception et parce qu’elles se pensent parfois moins assujetties à des infections sexuellement transmissibles.

On parle parfois de FSF, femmes ayant des relations sexuelles avec d’autres femmes, pour y inclure les femmes bisexuelles et ne pas y accoler quelconque représentation identitaire ou définitive mais se concentrer uniquement sur les pratiques, ce qui, dans le cadre de la santé sexuelle par exemple, peut s’avérer plus efficace.

Parmi les spécificités que rencontrent les femmes homosexuelles et bisexuelles (ce qui n’exclut pas qu’elles soient également les spécificités d’autres groupes sociaux) on peut noter, de manière non exhaustive :

  • Un moindre recours au dépistage et des complications en santé sexuelle

Lorsque les femmes lesbiennes, bisexuelles ou pansexuelles consultent effectivement un médecin, ceux-ci omettent souvent d’établir une anamnèse complète. Lors d’une étude américaine de 2006, portant sur 2 345 femmes lesbiennes et bisexuelles, seulement 9,3 % d’entre elles ont déclaré avoir été interrogées par un médecin sur leur orientation sexuelle. Un tiers des participantes pensaient que faire part de leurs antécédents sexuels provoquerait une réaction négative, et 30 % avaient effectivement fait face à une réaction négative de la part d’un médecin après avoir révélé leur homo-bisexualité (1).

Ces différents facteurs ont d’importantes conséquences sur le recours au dépistage. Selon l’enquête Presse Gay et Lesbienne 2011, en France, les répondantes n’ayant que des rapports sexuels avec des femmes au cours de leur vie sont 36 % à n’avoir jamais eu recours à une consultation gynécologique, 60 % à n’avoir jamais réalisé de frottis cervicoutérin, 58 % à n’avoir jamais réalisé de test VIH et 90 % à n’avoir jamais réalisé de test chlamydiae. Ce défaut de recours aux soins peut avoir des conséquences graves sur la fertilité et la santé des femmes avec une augmentation des cancers du col de l’utérus et du sein (2).

D’après l’Observatoire du Sida et des Sexualités, les femmes homosexuelles ou bisexuelles ont également moins recours au dépistage du cancer du col, en raison du fait qu’elles (mais également les professionnel·les) pensent qu’elles n’en ont pas besoin, ce qui a pour effet d’augmenter le risque de développer un cancer (3).

  • Un état de santé physique et psychologique moins bon 

Les FSF supportent moins bien les traitements du cancer du col de l’utérus d’un point de vue psychologique, et leur état de santé est moins bon après le traitement. On relève également davantage de polykystose ovarienne (développement de  nombreux kystes aux ovaires), plus de surpoids, de dépression, d’anxiété, de nervosité, d’automutilation, de tentatives de suicide, et de dépendances à l’alcool et aux drogues (3).

  • Davantage de troubles cardiovasculaires

Ainsi, le tabagisme et l’obésité sont plus répandus chez les femmes lesbiennes aux Etats-Unis, deux facteurs de problèmes cardiaques, les maladies cardiaques étant la première cause de mortalité des femmes outre-atlantique dans leur ensemble.

En France, une étude de l’INSERM, publiée en 2023, atteste que les femmes homosexuelles et bisexuelles ont une moins bonne santé cardiovasculaire que les autres femmes (4).

  • Une confrontation plus importante à la violence

Les femmes homosexuelles et bisexuelles sont surreprésentées dans les victimes de violences sexuelles, à tous les âges, et sont particulièrement susceptibles d’être agressées verbalement ou physiquement dans l’espace public, d’autant plus lorsqu’elles sont « visibles ».

Du côté des saphiques

Les femmes lesbiennes, bisexuelles et pansexuelles subissent des formes de lesbophobie et de biphobie qui impactent leur santé.

Sources

  1. Mravcak, Sally A. Primary Care for Lesbians and Bisexual Women (Juillet 2006)
  2. Enquête Presse Gay et Lesbienne 2011 (Velter A., Saboni L., Bouyssou A., Semaille C., 2013)
    https://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2013/39-40/2013_39-40_3.html
  3. Note de lecture – Health 4 LGBTI – Observatoire du sida et des sexualités (Régny M. , 2018)
  4. Savellon C. (2023). La santé cardiovasculaire des femmes lesbiennes et bisexuelles est moins bonne. 
  5. Pour une promotion de la santé lesbienne : état des lieux des recherches, enjeux et propositions (Genon C., Chartrain C., et Delebarre C., 2009)
    https://journals.openedition.org/gss/951?lang=en

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