La réponse est dans la question
La réponse est dans la question
La formulation des questions et interventions détermine souvent, par avance, la place qui sera laissée aux réponses.
Ce principe s’applique à l’ensemble des échanges cliniques, mais ce mécanisme prend d’autant plus d’importance dans un contexte où certains vécus sont tus par honte, par habitude ou par crainte de discrimination.
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Un formidable outil normatif : la honte
Dans ces situations, il est pertinent de veiller à désamorcer les mécanismes de honte et d’invisibilisation. Toutefois, rien n’oblige un coming out et il est important de respecter le rythme de la personne ou sa volonté de ne pas partager certains aspects de son identité ou de son intimité.
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Bien sûr, nous connaissons les sorties de placard
« il fallait que je donne des détails, mais a priori, je crois que je j’utilisais un peu le minimum. Tant que j’estimais que c’était compréhensible, que mon problème était compréhensible pour les professionnel·les. » (1)
Une formulation inclusive vise à donner adéquatement la parole aux patient·es sans contraindre leur réponse dans un canevas normatif. Ce type de formulation tend à autoriser à dire des vécus qui dépassent notre propre cadre de référence et à marquer significativement sa position de reconnaissance des diversités.
Il s’agit, en outre, d’adopter un positionnement respectueux des réponses dans leurs diversités et d’écouter activement ce que la personne dit, notamment d’elle-même et d’utiliser les mêmes termes que la personne reçue.
Il est souvent utile de rappeler le cadre du secret professionnel en vue de la (re)création d’un lien de confiance et de veiller au respect du consentement dans les soins et accompagnement de santé.
Bien que la curiosité soit un moteur nécessaire à la dynamique interrogative, le concept d’injonction à la pédagogie éveille également sur la prudence à ne pas faire peser sur une personne concernée le poids de devoir expliquer d’une façon répétitive des aspects de son identité.
Il en va de sa propre responsabilité que de s’informer.
Quelques exemples de questions à encourager (2, p.7) :
- Avez-vous un, une, plusieurs partenaire(s) ?
- Avez-vous habituellement des rapports avec des hommes, des femmes, les deux?
- Comment puis-je vous genrer?
- Souhaitez-vous parler de sexualité? Si oui, que pourriez-vous en dire?
- Où avez-vous l’habitude de faire des rencontres?
- C’est une pratique que je ne connais pas, est-ce que vous voulez m’en parler?
- Comment vous sentez-vous en ce moment? De manière générale?
- Comment vivez-vous votre sexualité? vos relations? votre genre?
- Avez-vous déjà dû faire face à des problèmes particuliers en raison de l’homophobie, de la lesbophobie de la biphobie, de la transphobie ou de l’interphobie ? Avez-vous été victime de discriminations au travail, à l’école, dans les services de santé ou dans les services sociaux? Avez-vous des amis LGBTQIA+? Vous sentez-vous isolé?
- Consommez-vous régulièrement de l’alcool, des drogues? Dans quel(s) contexte(s)?
La réponse est dans la question
Comment questionner adéquatement un·e patient·e pour l’autoriser à dire ?
Sources
- Témoignages recueillis pour ce guide.
- La santé psychique chez les LGBT+ - Aborder, écouter, orienter pour un mieux-être. (Sidaction, 2023)