Et le Covid-19 dans tout ça ?
Et le Covid-19 dans tout ça ?
Les études sur les épidémies du SIDA, d’Ebola ou du H1N1 ont bien documenté les phénomènes sociaux menant à une quête de boucs émissaires, à des dynamiques de blâme et théories du complot, ciblant le plus souvent des groupes minoritaires vulnérables (1).
La pandémie de COVID-19 n’est pas en reste sur ce sujet.
Les mesures mondiales, tout à fait exceptionnelles, mobilisées par cette crise sanitaire ont eu des répercussions importantes sur les publics LGBTQIA+, d’une part parce qu’elles n’étaient pas pensées de manière inclusives et donc aveugles à certaines réalités quotidiennes, d’autre part parce qu’en temps de crise les publics marginalisés ou minorisés sont touchés de manière disproportionnée. Ainsi, les mesures envisagées partaient souvent d’un point de vue hétérocisnormatif de la famille, du couple ou des socialisations traditionnelles, ne prenant pas en compte l’isolement de certain·es citoyen·nes LGBTQIA+ n’ayant plus accès physiquement à ce que l’on appelle parfois « la famille choisie » c’est-à-dire un entourage bienveillant sans lien particulier de parenté.
Les associations d’aide aux personnes LGBTQIA+ ont noté une drastique dégradation du bien-être mental et psychique de leurs publics, une demande accrue en services psychologiques et une importante augmentation de la solitude et des pensées suicidaires.
Les multiples confinements ont empêché certaines personnes LGBTQIA+ de quitter leur foyer quand elles le souhaitaient et de perpétuer certaines habitudes d’évitements ou de dissimulation qui leur permettaient d’être davantage en sécurité. Ainsi, comme ce fut le cas en général pour la violence intrafamiliale, l’impossibilité de quitter un environnement hostile a produit une augmentation significative des violences LGBTQIA-phobes au sein des familles et dans l’espace public, d’autant plus attisées par une ambiance très anxiogène.
Des perturbations des services de santé ont été observées partout sur la planète. Une enquête mondiale a par exemple révélé que 23 % des répondants vivant avec le VIH avaient perdu tout accès aux prestataires de soins VIH en conséquence des mesures de confinement prises en raison de COVID-19, les transitions de genre étaient également rendues bien plus difficiles, de même que les demandes d’asile pour motif LGBTQIA+.
L’épidémie a également développé toute une série de théories complotistes et de recherche de boucs émissaires :
« Sans surprise, la crise sanitaire de la Covid-19, avec son lot de traitements médiatiques anxiogènes et de confinements difficiles, qui ont assigné à résidence plus de 3 milliards d’êtres humains les privant d’innombrables soupapes et services, a également mené à d’importantes manifestations de haine LGBTQI-phobes par le voisinage, la famille ou la société en général. Ces deux griefs agissent comme un serpent qui se mord la queue, un cycle qui s’autoalimente, la parole des premiers légitimant la violence perpétrée par les seconds. » (2)
“Comme on l’a vu avec le Covid, dans les santés politiques, certaines personnes pensent que leur réalité est la réalité de tout le monde. ”(3)
Et le Covid-19 dans tout ça ?
Des mesures sanitaires pas forcément inclusives.
Sources
- Rousseau, Jaimes, El Majzoub (2020) Pandémie et communautés minoritaires marginalisées : vers une approche inclusive en santé publique?
-
Pas de quarantaine pour les LGBTQI-phobies. (Oliviero Aseglio, 2020)
http://rainbowhouse.be/fr/article/idahobit2020/ - Entretien réalisé avec Charline Marbaix pour ce guide.